Processus de fabrication réèl

De la fabrication d’une lame japonaise :

Un statut

Si il est un mensonge que la culture populaire a propagé, c’est bien celui de l’efficacité, du tranchant et de la solidité du Katana à qui les fantasmes octroient des propriétés surnaturelles.
En comparaison des autres armes forgées au travers du globe et des siècles, le katana est loin de tenir le haut du podium des armes les plus efficaces, sans compter, bien sûr, qu’il est assez peu pertinent de laisser exister un tel podium pour des objets aussi diffèrent et situationnels que des lames.

Loin des effets visuels et de la mise en scène caricaturale des œuvres culturelles, le katana doit doit son aura non seulement à l’incroyable technique des combattants qui la maniaient, à des siècles de processus de façonnage véritablement hors du commun, mais aussi au symbole qu’il représente.

Le katana était avant tout un objet d’apparat, une arme qui indiquait la classe social de son porteur. Lors de l’unification du Japon, durant l’ère Sengoku, sous l’ordre de Toyotomi Hideyoshi, le katana fut porté exclusivement par la classe des samouraïs, propriétaires terriens qui constituaient une noblesse au service de leur suzerain dont la vie était dévolue au code du Bushido. Ce code était une véritable philosophie de vie enseignant l’art du combat, de l’étiquette, mais aussi l’art de mourir.
Par l’enseignement du Bushido, la vie du samouraï est décrite comme étant dévolue à son seigneur, mourir par un fait d’arme étant une fin souhaitée pour qui voulait faire briller le prestige de sa lignée

Si aujourd’hui, les samouraïs ne sont plus qu’un souvenir animant les fictions et récits historiques, le port et le don du sabre perdure pour ce qu’il revêt de portée symbolique. Il est encore dans les mœurs pour un chef d’entreprise d’offrir une telle lame en récompense du mérite d’un subordonné ou pour sceller une alliance fructueuse.

Bien entendu cela représente, pour moi, une culture lointaine dont je ne saurai parler avec affirmation, de peur d’en exagérer les mœurs ou les propos.

La première étape : La fonte

Cependant, si l’objet en lui-même ne saurait être l’arme magique décrite dans les fictions, sa réalisation reflète des siècles de traditions et d’un astucieux savoir-faire aux élans mystiques.

L’archipel nippone, ayant été géographiquement et politiquement isolée du reste du monde, a su exploiter au mieux les matériaux à sa disposition pour façonner les armes des belligérants. Ainsi, les fondeurs amassaient des tonnes de sables ferrugineux et dressaient un bas fourneau de terre appelé le Tatara.

Le Tatara était approvisionné en combustible et en matières premières des jours durant, sous la supervision d’un maître fondeur et des éventuels kami du feu venu accorder leurs fortunes à la tentative de fonte. Durant trois jours et trois nuits, le Tatara engloutissait du charbon, alors que les assistants du maître fondeur le remplissaient de sable ferrugineux. Ce sable empli de paillettes de fer était introduit par le sommet du fourneau pour ensuite fondre en un bloc d’acier et de silice en sa base.

Une fois la réduction accomplie, le Tatara était ouvert, la coque de terre se brisait pour laisser apparaître un bloc constitué de cendre, de silice mais surtout d’acier fondu.

Le sable ferrugineux contenant des paillettes de métaux qui constitueront l’acier Tamahagane
Après la réduction, parmi la cendre et la silice se trouvent des éclat d’acier semblables à celui ci
Bien que maîtrisé, le caractère aléatoire de la fonte peut produire des morceau d’acier passablement différents les uns des autres

Seconde étape : La forge

Lorsque le maître forgeron reçoit le Tamahagane, il l’inspecte consciencieusement et le tri afin d’opérer une première purification de son échantillon. Il fond alors plusieurs fois le métal en le recouvrant de feuilles de riz humides pour limiter son oxygénation et va procéder à un martèlement puis un pliage du métal sur plusieurs jours consécutifs résultant en un bloc fait de plusieurs couches. Ces couches sont à l’origine du motif damassé sur la surface de la future lame mais aussi de sa souplesse et sa solidité. ainsi, avant d’être véritablement façonnée, le métal sera alors plié et replié sur lui même. Ce processus permettant un assainissement de l’acier en le débarrassant d’éventuelles impuretés projetées par les chocs des coups de marteau.

Une fois ces premières étapes réalisées la lame prend forme. Composite, un cœur tendre lui donne sa souplesse tandis qu’une enveloppe plus solide lui donne sa dureté. Pour cette étape, le forgeron travaille l’acier longuement, le repliant ou lui ajoutant le carbone nécessaire à la transformation du métal.

Enfin, la lame est enduite d’argile sur son tranchant et retourne au feu une dernière fois. Cette étape est appelée Tsuchioki. L’argile modifiant la composition du métal créé alors un dessin caractéristique appelé le Hamon. Chaque forge a son propre motif et ce Hamon représente la signature de l’artisan qui l’a tracé. Une fois à température optimale, la lame subit une trempe.
C’est à dire qu’elle est refroidie brutalement dans un bassin d’eau. Lors de ce processus, les contraintes du métal tordent l’arme et lui donnent sa courbe caractéristique. Cette trempe est peu être l’acte qui revêt le plus de magie et de mysticisme dans l’acte de créer un katana, il s’agit d’une étape complexe et définitive dans laquelle une erreur peut mener au désastre. Cependant, le fait de voir le matériaux ainsi danser sous les mains de son forgeron est sans doute à l’origine de bon nombre de légendes et superstitions cherchant à en expliquer le phénomène.

Des morceaux de Tamahagane prêt à être fondu et martelés
Travail du métal
Étape de badigeonnage d’argile sur la lame du katana

Troisième étape : Le polissage

La dernière étape de fabrication d’un sabre Katana est le polissage. Un travail minutieux qui peut prendre plusieurs semaines pour sa réalisation.

Au fil des jours, concentré sur son ouvrage, le polisseur frottera la lame avec plusieurs pierre dont la taille du grain variera successivement. Ce processus long aura pour objectif de révéler le Hamon, la ligne de trempe de la lame, mais aussi lui donner son éclat et la préparer à recevoir les différents enduits qui garantiront le maintien de son tranchant.

Sources :
-La chasse aux épées — Fildelhistoire.com
-How to make a hamon — Blademag.com
-Qu’est ce que l’acier Tamahagane — Katana-japonais.com
-Gonrin no Sho –Miyamoto Musashi
-Le katana, sabre des samourai –arte



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